(Halloween)
De John Carpenter (Etats-Unis)
Avec Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Nancy Loomis, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Brian Andrews


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Au milieu des années
soixante, la petite ville américaine d’Haddonfield, dans l’Illinois, est frappée par un crime abominable : celui d’une jeune fille par son frère Michael Myers, âgé d’à peine six ans, en plein soir d’Halloween. Dix-sept ans plus tard, l’assassin s’échappe de l’institut psychiatrique où il était interné et revient sur les lieux de son crime. La vogue du psycho-killer, annoncée par
Psychose, a été définitivement lancée par Halloween, qui en a dicté les principes majeurs. Du coup, le film de John Carpenter, qui faisait office de précurseur lors de sa sortie, ne se distingue plus beaucoup désormais de sa trop prolifique descendance, ses mécanismes ayant notamment été galvaudés par l'interminable série des Vendredi 13.

Carpenter nous avouait avec le recul : « A l’époque, personne n’avait encore vu de film utilisant de tels artifices : la musique, le rythme du montage… A présent, c’est le lot quotidien du cinéphile. Tous les films d’horreur contiennent désormais ces effets de mise en scène. Au moment de sa sortie, les gens criaient en voyant ce film, mais plus maintenant. » (1) Halloween
s'ouvre sur un long plan-séquence en caméra subjective qui se conclue de fort surprenante manière. Puis le film donne la vedette à Jamie Lee Curtis, alors débutante, dans un rôle d'ingénue qui dénote un peu avec l'ensemble de ses rôles ultérieurs (ici, elle arpente gaiement le bitume en fredonnant « chante, rossignol, chante » !). En guest-star, Donald Pleasence, dans le rôle d’un psychiatre, déambule aux alentours en ne cessant de ressasser à qui veut l’entendre que Michael Myers n'est pas un homme mais le mal personnifié.

Comme toujours, Carpenter compose avec beaucoup de maestria sur l'unité de lieu (une rue avec deux maisons adjacentes) et de temps (la nuit d'Halloween), ainsi que sur les apparitions furtives et inquiétantes, connues du spectateur mais pas des protagonistes, sur lesquelles repose une bonne partie des effets de suspense. La musique, synthétique, sommaire et répétitive, accentue la tension du film, et s’est muée depuis en véritable classique du genre. Evidemment, il est difficile de croire au personnage de Myers, rien n'expliquant son invulnérabilité aux balles ou ses motivations meurtrières. Et puis, on ne peut s'empêcher de réprouver cette tendance à préserver ou punir les personnages selon qu'ils font preuve de chasteté ou non. Etant donné qu’il est difficile de soupçonner de puritanisme un cinéaste aussi peu politiquement social que John Carpenter, sans doute faut-il voir dans cette équation sexe = mort la concrétisation d’une obsession commune à maints tueurs en série, témoin Jack l’éventreur qui n’assassinait que des prostituées.

Quinze ans après la sortie d’Halloween, John Carpenter déclarait : « Je n’arrive toujours pas à croire qu’on ait réussi à faire ce film pour 300 000 dollars en 22 jours ! » (2) Et de conclure : « Les autres films de la série Halloween n’étaient que des photocopies du film original. Mais la présence de Donald Pleasence suffit à les rendre intéressants. » (3) Toujours est-il que La Nuit des Masques est entré dans la légende, tandis qu’aucune de ses séquelles ne laissa de trace marquante dans l’histoire du cinéma fantastique.

(1), (2) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995


© Gilles Penso

Thema: Tueurs
Tag(s) : #FILMS